Le Nutri-Score, promotion des produits «zéro intérêt nutritionnel» ? Réfléchissons!

Article de Jean-Paul Torris, Directeur Général Savencia Fromage & Dairy

Et si un « bon » Nutri-Score ne garantissait pas forcément la qualité nutritionnelle d’un produit alimentaire ? C’est hélas le constat que font de nombreux observateurs. Bien sûr l’idée de départ est bonne : conçu par Santé Publique France, l’étiquetage Nutri-Score vise à mieux informer les consommateurs pour améliorer la qualité de leur alimentation et les aider à préserver leur santé. Alors pourquoi s’interroger sur sa pertinence ? Dans mon précédent édito, je posais la question de la « portion ». Aujourd’hui je voulais mettre en lumière une autre faiblesse de la formule : en effet, le Nutri-Score n’envisage pas les atouts nutritionnels de l’aliment dans son ensemble et ne prend pas en compte son niveau de transformation, préférant se baser sur des critères de composition dits « réductionnistes ». Résultat : des produits ultra-transformés et pauvres en nutriments, riches en revanche d’une longue liste d’ingrédients, obtiennent souvent d’excellents scores alors que leur consommation régulière est déconseillée. Je vous donne un exemple éloquent : un verre de lait et un verre de soda aux édulcorants peuvent afficher le même Nutri-Score, alors que le premier est naturellement riche en nutriments (et recommandé par le PNNS*) tandis que l’autre est un aliment ne présentant aucun intérêt nutritionnel. Zéro calorie, mais zéro intérêt !

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Si le Nutri-Score, créé à la base pour lutter contre la « malbouffe », favorise ces aliments dits « zéro », ou encore « aliments vides », comment se repérer ? Il faut plutôt envisager le potentiel santé d’un aliment en allant au-delà de sa stricte composition nutritionnelle, et notamment de sa teneur en matières grasses, sel et sucres. Comment expliquer que 80% des fromages soient notés D par le Nutri-Score alors même que la consommation quotidienne d’une portion de fromage est recommandée par le PNNS* ? L’explication de cette contradiction tient dans un mot : la « matrice » du produit (soit la combinaison de ses différents composants). En effet, cette matrice joue un rôle décisif dans la biodisponibilité des nutriments, c'est-à-dire la manière dont ils vont être absorbés par l’organisme et lui apporter tous leurs bénéfices (vitamines, protéines, minéraux comme le calcium, acides gras, etc). 

 

Ainsi, à côté des matières grasses qui leur confèrent onctuosité et arômes, mais aussi du sel indispensable à leur fabrication, les fromages sont dotés d’une richesse nutritionnelle exceptionnelle à côté de laquelle le Nutri-Score passe totalement. Ils se distinguent notamment par leurs teneurs intéressantes en protéines, minéraux et oligo-éléments (calcium, zinc, potassium…) et vitamines (vit A, B2, B9, B12, D…). La teneur en acides aminés essentiels de leurs protéines leur assure une digestibilité qui frôle les 95 % : pourtant, même si la teneur moyenne en protéines dans les fromages à pâtes molles et à pâtes pressées est de 20%, le Nutri-Score n’attribue plus de point positif au-delà de 8% de protéines. Mêmes performances, même lacune en ce qui concerne les vitamines (A, B, D, E) et le calcium, des nutriments non valorisés par le Nutri-Score.

Avec cette tribune, et à travers l’exemple du fromage qui m’est cher, je veux aussi poursuivre ma croisade pour la #PositiveFood. On ne mange pas pour éviter de se faire du mal, on mange pour se faire du bien, redonnons toute sa place au plaisir ! Une alimentation saine doit être équilibrée et la plus naturelle possible, et le fromage y a toute sa place : les recettes que nous proposons sur quiveutdufromage.fr sont élaborées avec des ingrédients bruts et peu transformés et affichent des Nutri-Score A et B et permettent d’allier plaisir et santé.  Réinventons nos repas en prenant un peu de hauteur et en voyant plus loin que les étiquettes, utiles mais potentiellement réductrices.

 

*PNNS = Programme National Nutrition Santé 

 

#PositiveFood #AlimentationPositive #Savencia